Oyez, oyez, maraudeurs et maraudeuses du Briançonnais,
Les maraudes continuent. Depuis le début de l'hiver nous nous sommes relayés pour assurer une présence quasi quotidienne au col. Environ 200 personnes ont pu être mises à l'abri, aucun incident grave n'est à déplorer... Tout cela tient en grande partie grâce à l'aide que nous apportent de nombreux maraudeurs venus de l'extérieur, de passage ou installés pour quelques mois à Briançon, et à l'aide de Médecins Du Monde. Leur présence est plus que précieuse sur le terrain. Il est fortement appréciable pour nous tous de pouvoir nous 'reposer' sur ces aides extérieures mais il ne faut pas pour autant s'endormir... La situation à la frontière n'a pas changé. Il s'y passe toujours les mêmes choses : les droits des personnes migrantes sont bafoués, elles continuent à être mises en danger et à subir des traitements inhumains et dégradants, les forces de l'ordre rivalisent d'ingéniosité pour tendre leurs guet-apens et organiser leurs chasses à l'homme ! Tout cela pour vous dire que votre présence, même si elle n'est que ponctuelle, fait grandement défaut. Les maraudes ne tiennent que grâce à une poignée de personnes qui s'épuisent et lancent un SOS que, je l'espère, vous entendrez. Ne baissons pas les bras. Nous vous espérons plus nombreux. Merci. Tous maraudeurs, tous solidaires... Samedi 7 mars 2020, nous vous appelons à participer à une nouvelle Grande Maraude Solidaire au col de Montgenèvre et avant cela, à une conférence publique à Briançon. Parce que la situation à la frontière n’a hélas pas changé !
La grande rencontre des Européens solidaires co-organisée par Amnesty International et Tous Migrants
Tous Migrants présentera également son nouveau guide juridique à l’attention des forces de l’ordre : « Au nom de la loi ». Ce livret, rédigé avec des juristes et des avocats, vise à encourager les forces de l’ordre à respecter les droits fondamentaux des personnes exilées, à identifier et contester les ordres illégaux qu’ils reçoivent, à s’opposer aux manœuvres susceptibles de mettre les personnes en danger (guet-apens, course-poursuite...), et enfin à réagir face aux éventuels comportements racistes et actes, mots humiliants de certains de leurs collègues envers les exilés.
Parce que la situation n’a pas changé : les contrôles aux faciès, les traques, les courses-poursuite obligent les exilés à traverser la montagne enneigée de nuit, les exposant à des risques de gelures et de chutes graves. Ces personnes sont délibérément mises en danger et celles et ceux qui veulent les aider, sont intimidés voire poursuivis. Malgré les alertes des associations envers les autorités publiques, ces politiques migratoires et inhumaines ne cessent de se durcir. Les associations restent mobilisées. Le rendez-vous aura lieu à 18 h au pied de l’Obélisque à Montgenèvre. S’ensuivront des prises de paroles des associations, une lecture commune du livret « Au nom de la loi » et de témoignages d'exilés, ainsi qu’une action symbolique devant les locaux de la PAF. À partir de 20h30, des maraudes en groupe sillonneront la station. Programme détaillé de la journée
Comment venir ? Vous souhaitez covoiturer pour venir ? Une plateforme de covoiturage est disponible pour la Grande Maraude ici : https://www.covoitribu.fr/poll/11577_yrkPn1Mg32H3SC ! Il vous suffit d’y ajouter votre trajet en précisant bien le lieu de départ. Pour les personnes recherchant un covoiturage, vous n'aurez plus qu'à vous inscrire. Nous ne prévoyons pas d'hébergement, mais pour celles et ceux pouvant héberger des collectifs ou citoyens venus de loin, nous vous proposons de vous manifester sur la page Facebook de l'évènement, pour que les personnes recherchant un hébergement puissent vous contacter. Soyons "Tous solidaires, Tous maraudeurs !" Rendez-vous le 7 mars prochain. "La Cour européenne des droits de l’Homme (Cour-EDH) vient de rendre une décision favorable aux autorités espagnoles, en entérinant la pratique dite des « refoulements à chaud »
> lire la suite : communiqué complet Voici une décision très grave de l'institution judiciaire pourtant créée par le Conseil de l'Europe suite à la tragédie de la deuxième Guerre mondiale. Que faut-il en déduire ? Qu'aucun des magistrats qui a rendu cette terrible décision n'a en mémoire les mesures du même genre adoptées par les pays occidentaux en 1938, ni encore moins leurs conséquences ? Pire encore, que cette décision est prise en connaissance de cause ? La planète flambe de toutes les manières possibles. Mais les pays les plus riches, pour l'instant un peu plus abrités, décident que celles et ceux qui tentent de fuir ces incendies, et dont une toute petite minorité est parvenue à nos portes, doivent être refoulés hors des frontières européennes, renvoyés dans les camps ou périr, ce qui revient souvent au même. Le Refuge solidaire, qui accueille les exilés arrivés d'Italie, a besoin de bénévoles, notamment pour les repas du soir.
Alors merci à celles et ceux qui pourront donner un petit coup de main. Le Refuge est situé au 35 rue Pasteur (à côté de la MJC) à Briançon. Le 13 février, 18 organisations humanitaires ont adressé une lettre à la Préfète des Hautes-Alpes pour lui demander de lever les entraves administratives à l'embauche de jeunes migrants présents légalement sur le territoire, alors même que des employeurs locaux cherchent à les recruter.
__________________________________ Madame la Préfète des Hautes-Alpes, Depuis plusieurs mois, vous recevez les demandes de titres de séjour d'exilés présents légalement sur le territoire depuis déjà trois ou quatre ans. Pendant ces 3 ou 4 années, ces exilés qui ont parfois quitté depuis l'adolescence leur pays, ont subi l'inactivité forcée et l'attente, véritables tortures psychologiques, qui, sans le soutien moral des bénévoles, auraient pu les faire sombrer dans la dépression ou autres maladies. Trois ou quatre ans, c'est très long surtout lorsqu'on n’a aucune prise sur sa vie et qu'on n’a que 20 ans. En trois ou quatre ans, on se construit une vie. Ils ont été logés chez l’habitant, ils ont aidé les familles hébergeantes dans leur vie quotidienne, ils ont passé Noël avec eux ; ils se sont fait des amis, constitué un réseau ; ils ont fait du bénévolat pour participer à la vie de la communauté, dans les secteurs social, environnemental, sportif et culturel ; ils ont suivi une formation ou fait des stages quand c’était possible. En trois ou quatre ans, pas un seul heurt, pas un seul souci, pas un seul pas de travers n'a été rapporté. Mais, depuis plusieurs mois voire années, ils souhaitent travailler car l'attente et la dépendance leur sont invivables. Pour eux, c'est une question de santé mentale voire physique, et de dignité. En trois ou quatre ans, ils ont toujours gardé leur motivation, ils ont cherché et trouvé des employeurs. Les employeurs savent que ces jeunes sont compétents et sérieux. Alors ils font l'effort, malgré la lourdeur du dossier, d'adresser des demandes d'autorisation de travail, des promesses d’embauche à la DIRECCTE. Face à des réponses presque systématiquement négatives et longues à venir, les employeurs se découragent et ne comprennent pas. Demander à un employeur d'attendre 2 mois pour avoir un employé est inadapté à la viabilité d'une structure. Se voir refuser une autorisation de travail, alors qu'un employeur a accepté d'attendre le délai requis, c'est mettre une structure en difficulté. Et pourtant, ils ne trouvent pas à recruter sur le marché du travail. Les associations d'aide aux migrants du territoire ne comprennent pas non plus, vu les besoins du marché du travail local et des décisions avancées par le Comité interministériel sur l’immigration et l’intégration du 6 novembre 2019. Notamment, la 8ème décision pose le diagnostic suivant « Répondre aux besoins de main d’oeuvre des entreprises suppose également de poser la question de l’immigration professionnelle. En 2019, une entreprise sur deux indique qu’elle a des difficultés de recrutement. Dans certains bassins d’emploi, ces besoins sont tels que des entreprises renoncent à des marchés, faute de trouver des candidats correspondant aux postes vacants (…). Les procédures en la matière méritent d’être refondues et modernisées, car elles sont critiquées pour leur manque d’efficacité économique et leur complexité. En 2017, l’OCDE a ainsi jugé, dans une étude complète sur le sujet, que de nombreux obstacles administratifs subsistent. Les critères administratifs sont périmés : par exemple, l’appréciation, avant de délivrer une autorisation de travail, de la situation locale de l’emploi, repose sur une “liste des métiers en tension” pour laquelle l’OCDE estime que 15 % seulement des métiers inscrits sur la liste sont encore véritablement en tension (...). Cette liste repose sur une nomenclature difficilement compatible avec les évolutions actuelles des métiers. » N’y a-t-il pas alors un grand paradoxe à ne pas autoriser ces jeunes à travailler, maintenant qu'ils sont formés, parfaitement intégrés, qu'ils maîtrisent bien notre langue et notre culture, qu'ils ont fait leurs preuves dans les entreprises où ils ont fait des stages, des entreprises qui les connaissent et veulent les embaucher ? Ces jeunes exilés connaissent les exigences du milieu professionnel français et souhaitent travailler là où souvent les employeurs de notre territoire désespèrent de trouver des candidats. Si les employeurs les demandent, faut-il les condamner à rester inactifs et dépendants d'une allocation ou de la charité ? Faut-il les condamner à travailler illégalement ? Puis à vivre sans papiers ou à les renvoyer dans un pays d'origine alors qu’il faut inévitablement recruter pour faire vivre le tourisme, le bâtiment, la restauration et bien d’autres professions dans les Hautes Alpes ? Madame la Préfète, nous vous demandons instamment de permettre à ces jeunes de participer pleinement à la vie économique de notre territoire dans les secteurs où les entreprises les sollicitent et de leur assurer ainsi la vie digne à laquelle ils ont droit. À Briançon, Embrun, Gap, le 13 février 2020 Les organisations signataires Chemins Pluriels, Comité Gapençais du Mouvement de la Paix, Collectif Icare, Diocèse de Gap (+ Embrun), JRS Welcome Hautes-Alpes, La Cimade 05, MJC-Centre social du Briançonnais, Marcel sans Frontières, Midi Chaud, Paroisse de Briançon, Pastorale des Migrants - Diocèse de Gap, Refuges Solidaires, Réseau Hospitalité Hautes-Alpes, Secours Catholique, Secours Populaire, Mouvement citoyen Tous Migrants, Union Syndicale Solidaires 05, Unjourlapaix, |
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Juin 2021
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