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Depuis 2015 et la crise de l'accueil, la désinformation est devenue un outil redoutable pour qui veut instrumentaliser les migrations. C'est la raison pour laquelle nous nous efforçons à replacer l'expertise de terrain et l'analyse de chercheur·euses et d'associations au centre du débat. Sur cette page, nous vous proposerons de revenir régulièrement sur des fausses informations que nous jugeons dangereuses politiquement, locales ou nationales. De quoi s'armer toutes et tous face aux discours réducteurs et ignorants.
Pour aller plus loin et être outillé·es, nous vous recommandons ces ressources :
- Emmaüs, "Déconstruire les clichés sur les personnes exilées", 2023
- France 24, "La théorie de l’appel d’air, un "mythe" au cœur de la loi immigration", 2023
- France info, "L'article à lire pour comprendre pourquoi le "grand remplacement" est une idée raciste et complotiste", 2022
- La Cimade, "Petit guide, lutter contre les préjugés sur les personnes étrangères", 2022
- Monsieur Mondialisation, "Sortir de la haine : 5 préjugés infondés sur l'immigration", 2023
- Ritimo, "Guide : répondre aux préjugés sur les migrants" (10 articles), 2015
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Le Tribunal judiciaire vient d’ordonner l’expulsion sans délai du squat du Boulodrome, dont chacun savait qu’il n’avait rien à voir avec le droit au logement et tout avec le militantisme le plus radical
Extrait d'un post sur X (anciennement Twitter) du Maire de Briançon le 13/11/2024 (disponible ici)
Dans la même logique qu'à l’époque du squat du Pado en 2023, le Maire du Briançon dresse un profil stigmatisant des personnes à l’initiative de l’ouverture du lieu et décrédibilise leur motivation politique. Les objectifs finaux sont les mêmes que l'année dernière : criminaliser la solidarité (1), alimenter un prétendu mythe d’insécurité à Briançon et créer un clivage entre les habitant·es de Briançon.
Revenons point par point sur ces quelques lignes - et ce que nous pouvons lire entre elles :
1) "Rien à voir avec le droit au logement"
L’ouverture d’un squat est intrinsèquement liée à des revendications pour le droit au logement. Si le droit de se loger dignement était accessible à toutes et à tous, occuper des bâtiments vacants pour avoir un toit n’aurait pas lieu d’être. Le Bou’li a par ailleurs clairement défini le droit au logement comme orientation politique centrale dès son premier communiqué de presse et a fait vivre cette revendication pendant son mois et demi d’activité. En témoigne la banderole qui était affichée sur la façade "Logements vides ? Réquisition. La rue n’est pas une option".
Replaçons les revendications dans le contexte local. Le droit au logement est loin d'être accessible pour toutes et tous à Briançon, où l’accaparement d’une partie du parc immobilier pour le tourisme rend très difficile l’accès au logement pour les habitant·es.
Selon l’INSEE, en 2023, dans l’arrondissement de Briançon (qui regroupe les cantons de Briançon, de L’Argentière La Bessée et de Guillestre), 65,3 % (soit 34 702) des logements sont des résidences secondaires ou des logements occasionnels et 4,4 % (soit 2 356) sont complètement vacants (2), dont 909 rien que dans la ville de Briançon (3), qui rappelons-le, compte 12 000 habitant·es. Les Hautes-Alpes détiennent un record, celui du département avec le plus de résidences secondaires (vides la plupart du temps) en France : 45,14 % en 2019. En outre, par souci de rentabilité, une part significative des propriétaires des biens inoccupés à l’année préfèrent les louer très ponctuellement pendant les saisons touristiques via des plateformes comme Airbnb, plutôt que de les rendre disponibles à l'année ou à la saison à des habitant·es du territoire.
Ce phénomène, qui s'aggrave d’années en années, renforce la spéculation et rend très difficile l’accès au logement, particulièrement à la location sur le long terme. Les loyers sont extrêmement élevés pour une ville de la taille de Briançon et sont comparables à ceux d’une ville comme Lyon, même en colocation. Les délais d’attente prennent souvent des mois, la demande étant bien trop importante par rapport à l’offre.
Parallèlement aucune politique locale en faveur de l’accès au logement pour les habitant·es ou pour limiter le nombre de Airbnb n’est mise en place. Au contraire, la municipalité ne cesse de distribuer des permis de construire aux promoteurs immobiliers pour ces nouvelles résidences touristiques et des projets d’hôtels de luxe fleurissent dans Briançon.
Dans ce contexte, le Bou’li a permis de donner l'accès à un toit à des personnes dans le besoin (personnes en situation de précarité, militant·es, personnes exilées ou dites « sans-papiers »…).
La revendication politique pour le droit au logement ne peut être plus claire.
2) "Militantisme le plus radical"
Le Bou’li se voulait surtout être, selon ses mots, un « espace autogéré où fleurissent des rencontres et des activités ». Comme le rappelle Joanne Le Bars, chercheuse en géographie spécialiste des squats, « les squats sont des lieux emblématiques des mal-logé·es, de leurs mobilisations (Péchu 2010 ; Bouillon 2009), mais aussi des mouvements sociaux contre-culturels (Péchu 2010) ». Depuis la fermeture de la MJC du Briançonnais en 2022 par le maire de Briançon, il n’existe plus aucun endroit où les associations et collectifs socialement ou politiquement engagés peuvent se réunir librement et ou organiser des événements (comme des débats publics par exemple). L’accès aux salles municipales nous est quasiment systématiquement refusé. En ce sens, l’initiative du Bou'li a largement été saluée publiquement par les solidaires et les associations du Briançonnais (aux sensibilités politiques plurielles), dont Tous Migrants et même par des associations nationales comme Médecins du Monde.
Le Bou’li entendait simplement répondre à des atteintes répétées et graves à la solidarité et à la vie démocratique. Comme nous l’affirmions l’année dernière au moment de l’expulsion du Pado, « il y a urgence à remettre la responsabilité de la situation sur les pouvoirs publics et cesser de criminaliser la solidarité » (4).
3) Plus généralement, sur l'argument de l’insécurité
Jamais le Bou’li ou les personnes qui l’occupaient n’ont posé de problèmes d’insécurité ou d’incivilité lors de l’occupation du lieu, qui rappelons-le, était vacant depuis des mois. Au contraire, elles ont systématiquement instauré le dialogue avec les personnes du quartier et le voisinage et ont même lancé de larges invitations à participer à des événements qui y étaient organisés (comme les soirées crêpes!). La brutalité n’est jamais venue des personnes qui occupaient ce lieu pacifiquement.
En revanche, elles ont elles-mêmes été victimes de violence. Le 18 octobre, à 3h00 du matin, une personne non-identifiée a tenté d’enfoncer la porte d’entrée et a pénétré dans les lieux. Elle a retiré la banderole « Logements vides ? Réquisition. La rue n’est pas une option » et un panneau « Refugees Welcome » après avoir placé des piles de tables devant le dortoir pour empêcher les personnes qui dormaient de sortir.
A cette menace d’un·e anonyme s’ajoute la violence institutionnelle. Sur la difficulté d'accès au logement comme nous le développons plus haut mais encore plus brutalement le 14/11 : l’expulsion par les forces de l’ordre du lieu a été très violente et plusieurs personnes ont été victimes de violences physiques.
(1) https://www.lacoalition.fr/Autodefense-juridique-et-numerique
(2) https://www.insee.fr/fr/statistiques/7632072?geo=ARR-051
(3) https://www.ledauphine.com/politique/2024/11/17/coup-de-main-aux-proprietaires-pour-renover-leurs-logements
(4) https://tousmigrants.weebly.com/uploads/7/3/4/6/73468541/2023-12-13-cp-expulsion-pado-v2_page-0001bon.pdf
Revenons point par point sur ces quelques lignes - et ce que nous pouvons lire entre elles :
1) "Rien à voir avec le droit au logement"
L’ouverture d’un squat est intrinsèquement liée à des revendications pour le droit au logement. Si le droit de se loger dignement était accessible à toutes et à tous, occuper des bâtiments vacants pour avoir un toit n’aurait pas lieu d’être. Le Bou’li a par ailleurs clairement défini le droit au logement comme orientation politique centrale dès son premier communiqué de presse et a fait vivre cette revendication pendant son mois et demi d’activité. En témoigne la banderole qui était affichée sur la façade "Logements vides ? Réquisition. La rue n’est pas une option".
Replaçons les revendications dans le contexte local. Le droit au logement est loin d'être accessible pour toutes et tous à Briançon, où l’accaparement d’une partie du parc immobilier pour le tourisme rend très difficile l’accès au logement pour les habitant·es.
Selon l’INSEE, en 2023, dans l’arrondissement de Briançon (qui regroupe les cantons de Briançon, de L’Argentière La Bessée et de Guillestre), 65,3 % (soit 34 702) des logements sont des résidences secondaires ou des logements occasionnels et 4,4 % (soit 2 356) sont complètement vacants (2), dont 909 rien que dans la ville de Briançon (3), qui rappelons-le, compte 12 000 habitant·es. Les Hautes-Alpes détiennent un record, celui du département avec le plus de résidences secondaires (vides la plupart du temps) en France : 45,14 % en 2019. En outre, par souci de rentabilité, une part significative des propriétaires des biens inoccupés à l’année préfèrent les louer très ponctuellement pendant les saisons touristiques via des plateformes comme Airbnb, plutôt que de les rendre disponibles à l'année ou à la saison à des habitant·es du territoire.
Ce phénomène, qui s'aggrave d’années en années, renforce la spéculation et rend très difficile l’accès au logement, particulièrement à la location sur le long terme. Les loyers sont extrêmement élevés pour une ville de la taille de Briançon et sont comparables à ceux d’une ville comme Lyon, même en colocation. Les délais d’attente prennent souvent des mois, la demande étant bien trop importante par rapport à l’offre.
Parallèlement aucune politique locale en faveur de l’accès au logement pour les habitant·es ou pour limiter le nombre de Airbnb n’est mise en place. Au contraire, la municipalité ne cesse de distribuer des permis de construire aux promoteurs immobiliers pour ces nouvelles résidences touristiques et des projets d’hôtels de luxe fleurissent dans Briançon.
Dans ce contexte, le Bou’li a permis de donner l'accès à un toit à des personnes dans le besoin (personnes en situation de précarité, militant·es, personnes exilées ou dites « sans-papiers »…).
La revendication politique pour le droit au logement ne peut être plus claire.
2) "Militantisme le plus radical"
Le Bou’li se voulait surtout être, selon ses mots, un « espace autogéré où fleurissent des rencontres et des activités ». Comme le rappelle Joanne Le Bars, chercheuse en géographie spécialiste des squats, « les squats sont des lieux emblématiques des mal-logé·es, de leurs mobilisations (Péchu 2010 ; Bouillon 2009), mais aussi des mouvements sociaux contre-culturels (Péchu 2010) ». Depuis la fermeture de la MJC du Briançonnais en 2022 par le maire de Briançon, il n’existe plus aucun endroit où les associations et collectifs socialement ou politiquement engagés peuvent se réunir librement et ou organiser des événements (comme des débats publics par exemple). L’accès aux salles municipales nous est quasiment systématiquement refusé. En ce sens, l’initiative du Bou'li a largement été saluée publiquement par les solidaires et les associations du Briançonnais (aux sensibilités politiques plurielles), dont Tous Migrants et même par des associations nationales comme Médecins du Monde.
Le Bou’li entendait simplement répondre à des atteintes répétées et graves à la solidarité et à la vie démocratique. Comme nous l’affirmions l’année dernière au moment de l’expulsion du Pado, « il y a urgence à remettre la responsabilité de la situation sur les pouvoirs publics et cesser de criminaliser la solidarité » (4).
3) Plus généralement, sur l'argument de l’insécurité
Jamais le Bou’li ou les personnes qui l’occupaient n’ont posé de problèmes d’insécurité ou d’incivilité lors de l’occupation du lieu, qui rappelons-le, était vacant depuis des mois. Au contraire, elles ont systématiquement instauré le dialogue avec les personnes du quartier et le voisinage et ont même lancé de larges invitations à participer à des événements qui y étaient organisés (comme les soirées crêpes!). La brutalité n’est jamais venue des personnes qui occupaient ce lieu pacifiquement.
En revanche, elles ont elles-mêmes été victimes de violence. Le 18 octobre, à 3h00 du matin, une personne non-identifiée a tenté d’enfoncer la porte d’entrée et a pénétré dans les lieux. Elle a retiré la banderole « Logements vides ? Réquisition. La rue n’est pas une option » et un panneau « Refugees Welcome » après avoir placé des piles de tables devant le dortoir pour empêcher les personnes qui dormaient de sortir.
A cette menace d’un·e anonyme s’ajoute la violence institutionnelle. Sur la difficulté d'accès au logement comme nous le développons plus haut mais encore plus brutalement le 14/11 : l’expulsion par les forces de l’ordre du lieu a été très violente et plusieurs personnes ont été victimes de violences physiques.
(1) https://www.lacoalition.fr/Autodefense-juridique-et-numerique
(2) https://www.insee.fr/fr/statistiques/7632072?geo=ARR-051
(3) https://www.ledauphine.com/politique/2024/11/17/coup-de-main-aux-proprietaires-pour-renover-leurs-logements
(4) https://tousmigrants.weebly.com/uploads/7/3/4/6/73468541/2023-12-13-cp-expulsion-pado-v2_page-0001bon.pdf
Le flux d’immigration est organisé, voire professionnalisé
Le Maire de Briançon dans un article du Journal du dimanche (JDD) du 05/04/2024 (article disponible ici)
Les personnes migrantes sont avant tout tributaires des politiques migratoires injustes et dangereuses que les gouvernements érigent sur leurs passages. Leurs parcours sont imprévisibles et jonchés d’obstacles (administratifs, physiques, sociaux) auquel aucune « organisation » ne pourrait faire face. Pour monsieur le Maire, contrairement à 2017, les arrivées de personnes migrantes à la frontière italienne seraient aujourd’hui « professionnalisées ». Pourtant, des itinéraires toujours plus dangereux sont empruntés à cause de la militarisation de la frontière et 13 mort·es et disparu·es sont à déplorer depuis 2018.
En dressant cette conclusion, le Maire de Briançon fait un raccourci dangereux. Il insinue que les initiatives solidaires prennent part à cette « organisation », il parle même de « professionnels de l’activisme ». Comme à son habitude depuis la crise de l’accueil à Briançon l’été dernier et l’ouverture du Pado, la véritable menace est selon lui, « l’ultra-gauche radicale ». C’est pourtant grâce à cet élan de solidarité qu’aucune personne n’a dormi à la rue pendant la fermeture du refuge solidaire. Rappelons-le, l’hébergement d’urgence et normalement de la responsabilité de l’État et non de simples citoyens.
Par ailleurs, l’utilisation de « métaphores liquides » (flux, afflux, vague, submersion) pour décrire l’arrivée des personnes migrantes est à proscrire. Comme le dit Marc Bernadot, « elle conduit à les traiter de manière déshumanisante en termes de canalisation, d'endiguement ou de filtrage » et renforce le mythe selon lequel nous serions confronté·es à une « invasion ». C'est l'attention médiatique déraisonnée et les discours d’extrême droite qui sont à l’origine de cette croyance. Sur cette thématique, nous vous conseillons cet article : France info, "L'article à lire pour comprendre pourquoi le "grand remplacement" est une idée raciste et complotiste", 2022.
Pour en savoir plus sur les "métaphores liquides" : Marc Bernardot, "Petit traité de navigation dans la langue migratoire", 2016.
En dressant cette conclusion, le Maire de Briançon fait un raccourci dangereux. Il insinue que les initiatives solidaires prennent part à cette « organisation », il parle même de « professionnels de l’activisme ». Comme à son habitude depuis la crise de l’accueil à Briançon l’été dernier et l’ouverture du Pado, la véritable menace est selon lui, « l’ultra-gauche radicale ». C’est pourtant grâce à cet élan de solidarité qu’aucune personne n’a dormi à la rue pendant la fermeture du refuge solidaire. Rappelons-le, l’hébergement d’urgence et normalement de la responsabilité de l’État et non de simples citoyens.
Par ailleurs, l’utilisation de « métaphores liquides » (flux, afflux, vague, submersion) pour décrire l’arrivée des personnes migrantes est à proscrire. Comme le dit Marc Bernadot, « elle conduit à les traiter de manière déshumanisante en termes de canalisation, d'endiguement ou de filtrage » et renforce le mythe selon lequel nous serions confronté·es à une « invasion ». C'est l'attention médiatique déraisonnée et les discours d’extrême droite qui sont à l’origine de cette croyance. Sur cette thématique, nous vous conseillons cet article : France info, "L'article à lire pour comprendre pourquoi le "grand remplacement" est une idée raciste et complotiste", 2022.
Pour en savoir plus sur les "métaphores liquides" : Marc Bernardot, "Petit traité de navigation dans la langue migratoire", 2016.
Proposition de l'érection d'un dispositif de « triple frontière » (Rassemblement National), appel à accroître le nombre de garde frontières aux frontières extérieures (Les Répulicains, Renaissance, Alliance Rurale...), proposition de réforme de la procédure pour le rétablissement des contrôles aux frontières (Rassemblement National)…
L'attention autour des questions migratoire est centrale et injustifiée pendant la campagne des élections européennes 2024.
D’abord, l’ensemble de ces mesures sécuritaires sont contraires au principe de libre circulation garanti par la Déclaration universelle des droits de l’homme « Toute personne est libre de quitter n'importe quel pays, y compris le sien » (dont tous les États de l’Union européenne sont signataires). Elles sont aussi contraires à d’autres législations. A l’intérieur de l’espace Schengen, un pays n’a, par exemple, le droit de rétablir le contrôle à ses frontières au maximum que pour une durée de 2 ans. La France le fait depuis 2015. Le 21 septembre, après 8 ans, l’État a été sommé par la Cour de justice de l'Union européenne - suite à un contentieux auquel nous prenions part - de se conformer au droit de l’Union européenne et de prendre des mesures immédiates (voir ce communiqué de presse). Le Rassemblement National a donc présenté lors de sa campagne une mesure illégale.
Ensuite, comme l’expertise de terrain et de nombreux travaux de recherche le prouvent, vouloir rendre hermétique des frontières est illusoire. Militariser un espace frontalier n’a qu’une conséquence : rendre plus dangereux le passage des personnes exilées. L’exemple de la frontière franco-italienne de Montgenèvre est probant, ni les escadrons de gendarmerie mobile, ni les matériels sophistiqués (engins spéciaux, lunettes thermiques, drones...), ni la "border-force" n’ont empêché les personnes de passer. Ils ont, en revanche, augmenté significativement les risques pris par les personnes et donc le nombre de personnes mortes et blessées.
Dernier point, les renforcements des dispositifs sécuritaires aux frontières sont très coûteux. Le budget de Frontex, l’agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes avait en 2023 un budget de 845 millions d’euros. Basta Media a estimé que « le déploiement des forces mobiles à la frontière franco-italienne avoisinerait les 188 millions d’euros ». Des budgets colossaux qui pourraient être consacrés à l’hébergement d’urgence et une politique d’accueil digne.
Ensuite, comme l’expertise de terrain et de nombreux travaux de recherche le prouvent, vouloir rendre hermétique des frontières est illusoire. Militariser un espace frontalier n’a qu’une conséquence : rendre plus dangereux le passage des personnes exilées. L’exemple de la frontière franco-italienne de Montgenèvre est probant, ni les escadrons de gendarmerie mobile, ni les matériels sophistiqués (engins spéciaux, lunettes thermiques, drones...), ni la "border-force" n’ont empêché les personnes de passer. Ils ont, en revanche, augmenté significativement les risques pris par les personnes et donc le nombre de personnes mortes et blessées.
Dernier point, les renforcements des dispositifs sécuritaires aux frontières sont très coûteux. Le budget de Frontex, l’agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes avait en 2023 un budget de 845 millions d’euros. Basta Media a estimé que « le déploiement des forces mobiles à la frontière franco-italienne avoisinerait les 188 millions d’euros ». Des budgets colossaux qui pourraient être consacrés à l’hébergement d’urgence et une politique d’accueil digne.
Des groupes issus pour la plupart du mouvement ayant squatté les Jeunes Pousses et qui utilisent l’invective au quotidien [...] Pénétrer en groupe de 10 dans bâtiment public suivi par une caméra, effrayer les agents d’accueil en exigeant d’être reçu n’est pas vraiment une demande de rendez-vous
Le Maire de Briançon dans un article d'Alpes 1 du 27/03/2024 à propos du retrait du mémorial aux mort·es des frontières (article disponible ici)
- Groupes issus pour la plus part du mouvement ayant squatté les jeunes pousses : la délégation était composée de la coordinatrice du programme de Médecins du Monde à Briançon, d'un membre du conseil d'administration de l'association Refuges Solidaires, d'une bénévole de la Cimade, d'une adhérente à Tous Migrants et de maraudeur·euses habitant·es de Briançon.
Après la fermeture du squat des jeunes pousse , le maire de Briançon n'a eu cesse de condamner les modes d'action du mouvement autonome. En y faisant référence depuis l'automne, il essaye, en plus d'opposer le travail des associations à celui des "squatteurs", d'alimenter le sentiment de méfiance et de criminalisation de la solidarité. Rappelons que le bâtiment des jeunes pousse a été l'unique lieu d'hébergement d'urgence pendant tout l'été. Sans cela, des centaines de personnes auraient dormi à la rue. C'est pourtant le rôle de l’État de mettre en place un tel dispositif. Nous l'affirmons une nouvelle fois, "squatteurs", associations, maraudeur·euses, militant·es [...], nous poursuivons les mêmes objectifs : la fin des violations des droits des personnes exilées et un accueil digne pour toutes et pour tous. - Qui utilisent l'invective au quotidien : nos échanges avec la mairie à propos du mémorial sont toujours restés cordiaux et nous avons toujours tenu à expliciter notre démarche pourtant simple : des habitant·es de Briançon souhaitent pacifiquement rendre hommage à des personnes exilées décédées en montagne. Face à un refus de dialoguer, nous avons été contraints d'interpeller la mairie publiquement certes (notamment avec la pétition), mais sans jamais aucune violence.
- En groupe de 10 : la petite délégation était de 6 personnes.
- Effrayer les agents d’accueil : les personnes ont demandé à rencontrer le maire de manière cordiale et sans agressivité aucune. Alors qu'on leur a signalé qu'iels allaient être reçu·es par le maire, le cabinet a finalement fait intervenir 8 policiers.
Encore une fois, si nous avons été contraint·es de nous présenter directement à la mairie jour du retrait du mémorial, c'est justement parce malgré nos différentes sollicitations (lettres, interpellation lors du conseil municipal, sur les réseaux sociaux), nos demandes ont systématiquement été refusées.
Ce sont des migrants économiques, ils n'ont pas le droit de venir en France et ils n’ont pas besoin de protection*
Préjugé courant, régulièrement appliqué à la frontière franco-italienne
* Tiré d'un article de Terre des hommes disponible complet ici
Les personnes migrent pour diverses raisons : pour échapper aux violences et à la persécution, aux catastrophes naturelles ou à la pauvreté extrême. Les raisons économiques (ou tout autre motif) sont parfois présentées comme illégitimes. Pourtant toute personne a le droit d'exercer son droit à la mobilité. La liberté de circulation est une liberté fondamentale garantie par l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Mais la réalité est bien différente, alors que certaines personnes jouissent d’une très forte capacité de mouvement grâce au privilège que leur confère leur passeport, d’autres sont condamnées à se heurter à des obstacles administratifs parfois infranchissables. Ces obstacles sont mis en place par une myriade d'outils d'entraves à la mobilité : demande de visa, les frontières militarisées, externalisation, accords bilatéraux, difficulté à circuler sur un territoire, auxquels, nous européens, ne sommes jamais confrontés. Comme le dit Migreurop dans son outil de décryptage « Contrôler » les migrations : entre laisser-mourir et permis de tuer : "Dans cet apartheid des mobilités, où la hiérarchisation des droits au nom de la protection des frontières européennes est la règle, les décès des personnes exilées constituent des risques assumés de part et d’autre, la responsabilité de ces morts étant transférée aux premier·e·s concerné·e·s et leurs proches, coupables d’avoir voulu braver l’interdiction de se déplacer, d’avoir exercé leur droit à la mobilité… A leurs risques et périls".
Ensuite, une personne arrivée sur le droit français, par sa simple présence, dispose de droits (accès à la santé, à la nourriture, au logement, à l'éducation...) et de protections (face aux abus, à l’exploitation, au trafic, à la privation injustifiée de liberté, à la séparation arbitraire d'enfants de leurs parents...).
A la frontière franco-italienne ce respect des droits paraît lointain, les droits des personnes, même pour les cas les plus "évidents" (demandeur·se d'asile, mineur·es, personnes en situation de vulnérabilités), sont régulièrement bafoués et violés.
Quelques ressources :
Ensuite, une personne arrivée sur le droit français, par sa simple présence, dispose de droits (accès à la santé, à la nourriture, au logement, à l'éducation...) et de protections (face aux abus, à l’exploitation, au trafic, à la privation injustifiée de liberté, à la séparation arbitraire d'enfants de leurs parents...).
A la frontière franco-italienne ce respect des droits paraît lointain, les droits des personnes, même pour les cas les plus "évidents" (demandeur·se d'asile, mineur·es, personnes en situation de vulnérabilités), sont régulièrement bafoués et violés.
Quelques ressources :
- États généraux des migrations : "En finir avec les fausses idées sur les migrations", 2021
- Migreurop : "Contrôler » les migrations : entre laisser-mourir et permis de tuer", 2023
- Note 15 de Migreurop : "Empêcher les migrations : dissuasion, répression", 2023
- Note 10 de Migreurop : "Les visas : inégalités et mobilités à géométrie variable", 2019