Depuis 2015 et la crise de l'accueil, la désinformation est devenue un outil redoutable pour qui veut instrumentaliser les migrations. C'est la raison pour laquelle nous nous efforçons à replacer l'expertise de terrain et l'analyse de chercheur·euses et d'associations au centre du débat. Dans nos prochaines lettres d'information, nous vous proposerons de revenir régulièrement sur au moins une fausse information que nous jugeons dangereuse politiquement. Cet argumentaire permet également à toutes et tous de s'armer face aux discours d'extrême droite réducteurs et bien souvent ignorants.
"Des groupes issus pour la plupart du mouvement ayant squatté les Jeunes Pousses et qui utilisent l’invective au quotidien [...] Pénétrer en groupe de 10 dans bâtiment public suivi par une caméra, effrayer les agents d’accueil en exigeant d’être reçu n’est pas vraiment une demande de rendez-vous"
Le Maire de Briançon dans un article d'Alpes 1 du 27/03/2024 à propos du retrait du mémorial aux mort·es des frontières (article disponible ici)
- Groupes issus pour la plus part du mouvement ayant squatté les jeunes pousses : la délégation était composée de la coordinatrice du programme de Médecins du Monde à Briançon, d'un membre du conseil d'administration de l'association Refuges Solidaires, d'une bénévole de la Cimade, d'une adhérente à Tous Migrants et de maraudeur·euses habitant·es de Briançon.
Après la fermeture du squat des jeunes pousse , le maire de Briançon n'a eu cesse de condamner les modes d'action du mouvement autonome. En y faisant référence depuis l'automne, il essaye, en plus d'opposer le travail des associations à celui des "squatteurs", d'alimenter le sentiment de méfiance et de criminalisation de la solidarité. Rappelons que le bâtiment des jeunes pousse a été l'unique lieu d'hébergement d'urgence pendant tout l'été. Sans cela, des centaines de personnes auraient dormi à la rue. C'est pourtant le rôle de l’État de mettre en place un tel dispositif. Nous l'affirmons une nouvelle fois, "squatteurs", associations, maraudeur·euses, militant·es [...], nous poursuivons les mêmes objectifs : la fin des violations des droits des personnes exilées et un accueil digne pour toutes et pour tous. - Qui utilisent l'invective au quotidien : nos échanges avec la mairie à propos du mémorial sont toujours restés cordiaux et nous avons toujours tenu à expliciter notre démarche pourtant simple : des habitant·es de Briançon souhaitent pacifiquement rendre hommage à des personnes exilées décédées en montagne. Face à un refus de dialoguer, nous avons été contraints d'interpeller la mairie publiquement certes (notamment avec la pétition), mais sans jamais aucune violence.
- En groupe de 10 : la petite délégation était de 6 personnes.
- Effrayer les agents d’accueil : les personnes ont demandé à rencontrer le maire de manière cordiale et sans agressivité aucune. Alors qu'on leur a signalé qu'iels allaient être reçu·es par le maire, le cabinet a finalement fait intervenir 8 policiers.
Encore une fois, si nous avons été contraint·es de nous présenter directement à la mairie jour du retrait du mémorial, c'est justement parce malgré nos différentes sollicitations (lettres, interpellation lors du conseil municipal, sur les réseaux sociaux), nos demandes ont systématiquement été refusées.
"Ce sont des migrants économiques, ils n'ont pas le droit de venir en France et ils n’ont pas besoin de protection*"
Préjugé courant, régulièrement appliqué à la frontière franco-italienne
* Tiré d'un article de Terre des hommes disponible complet ici
Les personnes migrent pour diverses raisons : pour échapper aux violences et à la persécution, aux catastrophes naturelles ou à la pauvreté extrême. Les raisons économiques (ou tout autre motif) sont parfois présentées comme illégitimes. Pourtant toute personne a le droit d'exercer son droit à la mobilité. La liberté de circulation est une liberté fondamentale garantie par l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Mais la réalité est bien différente, alors que certaines personnes jouissent d’une très forte capacité de mouvement grâce au privilège que leur confère leur passeport, d’autres sont condamnées à se heurter à des obstacles administratifs parfois infranchissables. Ces obstacles sont mis en place par une myriade d'outils d'entraves à la mobilité : demande de visa, les frontières militarisées, externalisation, accords bilatéraux, difficulté à circuler sur un territoire, auxquels, nous européens, ne sommes jamais confrontés. Comme le dit Migreurop dans son outil de décryptage « Contrôler » les migrations : entre laisser-mourir et permis de tuer : "Dans cet apartheid des mobilités, où la hiérarchisation des droits au nom de la protection des frontières européennes est la règle, les décès des personnes exilées constituent des risques assumés de part et d’autre, la responsabilité de ces morts étant transférée aux premier·e·s concerné·e·s et leurs proches, coupables d’avoir voulu braver l’interdiction de se déplacer, d’avoir exercé leur droit à la mobilité… A leurs risques et périls".
Ensuite, une personne arrivée sur le droit français, par sa simple présence, dispose de droits (accès à la santé, à la nourriture, au logement, à l'éducation...) et de protections (face aux abus, à l’exploitation, au trafic, à la privation injustifiée de liberté, à la séparation arbitraire d'enfants de leurs parents...).
A la frontière franco-italienne ce respect des droits paraît lointain, les droits des personnes, même pour les cas les plus "évidents" (demandeur·se d'asile, mineur·es, personnes en situation de vulnérabilités), sont régulièrement bafoués et violés.
Quelques ressources :
Ensuite, une personne arrivée sur le droit français, par sa simple présence, dispose de droits (accès à la santé, à la nourriture, au logement, à l'éducation...) et de protections (face aux abus, à l’exploitation, au trafic, à la privation injustifiée de liberté, à la séparation arbitraire d'enfants de leurs parents...).
A la frontière franco-italienne ce respect des droits paraît lointain, les droits des personnes, même pour les cas les plus "évidents" (demandeur·se d'asile, mineur·es, personnes en situation de vulnérabilités), sont régulièrement bafoués et violés.
Quelques ressources :
- États généraux des migrations : "En finir avec les fausses idées sur les migrations", 2021
- Migreurop : "Contrôler » les migrations : entre laisser-mourir et permis de tuer", 2023
- Note 15 de Migreurop : "Empêcher les migrations : dissuasion, répression", 2023
- Note 10 de Migreurop : "Les visas : inégalités et mobilités à géométrie variable", 2019