VISIONNER LA VIDEO DE LA CEREMONIE, incluant les discours des deux lauréats et de la ministre de la Justice (vidéo de Muriel Cravatte) COMMUNIQUÉ ET DISCOURS DES DEUX ASSOCIATIONS La Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH, composée d’une soixantaine de représentants d’associations, syndicats et ONG – https://www.cncdh.fr/fr/linstitution) a attribué à Tous Migrants et à l’ANAFÉ (Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Étrangers – http://www.anafe.org) la mention spéciale du Prix des Droits de l’Homme sur le devoir de fraternité, mardi 10 décembre 2019. Tous Migrants remercie la CNCDH. Par ce geste fort, cette instance consultative dénonce encore une fois les pratiques actuelles de l’État français qui bafouent les Droits de l’Homme et nous permet de les dénoncer aussi en nous adressant directement à un membre du gouvernement. (voir notre discours ci-après). Il faut rappeler que la CNDCH avait réalisé une enquête à la frontière franco-italienne et rendu un avis publié en juillet 2018 dénonçant les atteintes aux droits commises par les forces de l’ordre et confirmant nos propres constats. Alors même que la justice française incrimine des solidaires sur des gestes de fraternité, que les forces de l’ordre bafouent en toute impunité les droits des exilés, Mme Nicole Belloubet, ministre de la Justice, a félicité Tous Migrants et l’Anafé pour leurs actions ! Nous laissons la Ministre se questionner et interpeller le gouvernement sur cette contradiction. De notre côté, nous espérons que cette distinction permettra de faire avancer le respect des Droits de l’Homme sur le territoire français, car tel est et sera toujours l’objectif de Tous Migrants. Cette mention spéciale appartient à tout le territoire et à ses acteurs qui œuvrent et luttent jour et nuit pour que la solidarité et la fraternité restent au fondement de notre société. --> DISCOURS DE TOUS MIGRANTS À LA CNCDH - 10 DÉCEMBRE 2019 - MENTION SPÉCIALE DU PRIX DES DROITS DE L'HOMME DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Devions-nous fermer les yeux et nos portes ? « Voici 4 ans, nous n’étions que de simples montagnards, à quelques km de l’Italie, regardant en face et de manière pragmatique la réalité migratoire, exerçant le devoir d’assistance à personne en danger et ouvrant nos portes à des gens venus d’ailleurs. Inconditionnellement et spontanément. Mais dans cette démarche fraternelle, nous nous sommes progressivement puis violemment retrouvés confrontés à l’impensable : • Des traques à l’homme noir dont certaines suivies de morts, d’handicap • L’abandon de personnes affaiblies et épuisées en milieu hostile • La mise à la rue de mineurs sans protection • Des maltraitances psychologiques et physiques, des humiliations répétées, • Des actes et des incitations au racisme • Des privations de libertés • Des intimidations, de la répression et des condamnations au tribunal sur des gestes d’assistance à personne en danger Par conséquence, le devoir de fraternité s’est retrouvé criminalisé. Face à cela, dans nos montagnes, des centaines de personnes se sont indignées. Devions-nous fermer les yeux et nos portes ? Nous avons décidé de continuer à tendre la main. Nous avons décidé de dénoncer toutes ces violations aux droits fondamentaux. Nous en sommes là aujourd’hui, nous sommes devenus des sentinelles pour les Droits de l’Homme, en France… Nous saluons le courage et la clairvoyance de la CNCDH de nous attribuer cette mention spéciale du Prix des Droits de l’Homme de la République française et d’avoir publié un rapport d’expertise en 2018 ; remettant ainsi en cause les pratiques actuelles de l’État français. Ce Prix, il est pour tous les courageux. Nous tous dans les Hautes-Alpes, et partout ailleurs, en France, aux frontières, nous tous qui nous levons le matin pour apporter de l’aide et du respect aux réfugiés ; nous tous qui veillons la nuit pour éviter de nouvelles tragédies. Nous tous, qui osons brandir les valeurs républicaines sans conditions, ni frontières. Nous tous qui respectons la liberté, l’égalité et qui défendons cette belle fraternité. Il est pour toutes les victimes des parcours migratoires qui fuient pour protéger leurs droits. Cependant, recevoir ce prix nous attriste et nous met en colère, car il sonne le glas des Droits de l’Homme sur notre territoire. Nous sommes en France ! Comment se peut-il que nous devions défendre ces Droits qui sont la substance même de notre pays et qui devraient guider tous les choix de nos dirigeants et les décisions de notre justice ? À présent, nous retournons à nos montagnes car, le temps presse, la neige est là, des vies sont en danger, des droits sont bafoués. Pour combien de temps encore ? » --> DISCOURS DE L'ANAFÉ - MENTION SPÉCIALE DU PRIX DES DROITS DE L'HOMME DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE - 10 DÉCEMBRE 2019 "Mesdames et messieurs les membres de la CNCDH, Madame la Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, au nom de l’ensemble de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), je vous adresse nos sincères remerciements pour le prix que vous nous remettez aujourd’hui. C’est un honneur et un encouragement, pour nous, de recevoir cette mention spéciale relative au devoir de fraternité du Prix des droits de l’homme de la République française « Liberté, Egalité, Fraternité ». Je veux le dédier à toutes les personnes qui composent notre belle association : bénévoles, visiteurs, observateurs, membres, stagiaires et salariés. Sans leur acharnement à combattre les violations des droits fondamentaux des personnes exilées, l’Anafé n’existerait pas. Cette distinction que nous recevons aujourd’hui est d’autant plus importante à l’heure où les valeurs de solidarité et de fraternité sont mises à mal au quotidien. Vous avez fait le choix cette année de replacer au cœur des droits humains le principe de fraternité en décidant de décerner un prix à des personnes qui luttent pour que ce principe trouve toute sa dimension. Ce choix vous honore ! Et c’est pourquoi j’ai une pensée émue pour Cédric, Pierre-Alain, Martine, Loïc, Benoît, Lisa, Mathieu, Juan, Théo, Bastien, Eleonora, Raphaël, Pierre, Kevin et tous les autres (la liste est tristement longue) poursuivis pour avoir érigé ce principe de fraternité en devoir d’action et de solidarité envers les personnes exilées en difficulté ou en péril à la frontière franco-italienne. Cette distinction est aussi la leur. En effet, nous devons rappeler que les pressions policières, les contrôles d’identité à la chaîne, le fichage des militants solidaires, les menaces de poursuites, les convocations à des auditions libres, les perquisitions et les gardes à vue font désormais partie intégrante de la vie des militants solidaires de la frontière. Le choix particulier de l’Anafé parmi les lauréats de cette mention n’est donc pas anodin. L’histoire, les missions et le travail de l’Anafé montrent depuis 30 ans que les droits des personnes exilées ou en migration, qui se trouvent en difficulté en zone d’attente ou aux frontières intérieures, sont trop souvent violés. Et l’Anafé a à cœur de dénoncer les pratiques illégales de l’administration et de faire évoluer les législations et les pratiques. A l’heure où les politiques migratoires se durcissent pour les personnes qui se présentent aux frontières européennes et françaises, vous avez fait le choix de soutenir et d’encourager nos actions et notre mission. Ceci nous laisse espérer que l’amélioration de la situation des personnes exilées aux frontières et de celles qui leur sont solidaires est une préoccupation de la CNCDH mais également des autorités françaises qui entendront faire respecter la législation et les pratiques en la matière pour que les droits humains puissent être garantis pour toute personne y compris avant leur entrée sur le territoire. Ce choix politique fort de la CNCDH, nous le saluons ! Mesdames et messieurs les membres de la CNCDH, votre choix nous encourage à continuer nos actions en faveur des droits des personnes exilées aux frontières. Soyez-en assurés : nous n’y manquerons pas !" Dossier de presse sur les prix des droits de l’homme 2019 par la CNCDH et le ministère de la Justice
Michel Rousseau
9/1/2020 19:50:45
Pour la première fois deux associations françaises, Tous Migrants et l'Anafé, sont distinguées par par la CNCDH dans le cadre du prix des droits de l'homme qu'elle décerne chaque année. C’est un message fort envoyé au monde entier : la France, pays d’origine des droits de l’homme, les bafoue elle aussi. Ces atteintes aux droits visent en particulier les personnes exilées qui souhaitent demander la protection de la France, notamment à la frontière franco-italienne. Les défenseurs des droits humains y sont également menacés. Les commentaires sont fermés.
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