👇 Pensez à dérouler la page vers le bas 👇
Bienvenue sur la page des actualités locales de février 2025, au sommaire :
1) Retour sur la commémor'action des mort·es des frontières
2) Changement des pratiques à la frontière, du nouveau depuis novembre ?
3) Entraves à la solidarités : les rencontres effectuées depuis la sortie du rapport
1) Retour sur la commémor'action des mort·es des frontières
2) Changement des pratiques à la frontière, du nouveau depuis novembre ?
3) Entraves à la solidarités : les rencontres effectuées depuis la sortie du rapport
Commémor'action des mort·es des frontières
|
Comme tous les ans, Briançon s’est mobilisé autour de la date du 6 février dans le cadre de la commémor’action des mort·es des frontières, une mobilisation initiée par des familles de personnes mortes et disparues sur les routes de l’exil. La date du 6 février est symbolique : elle marque l’anniversaire du massacre de Tarajal, à la frontière maroco-espagnole. Au moins 14 personnes y ont péri et des dizaines d’autres ont été portées disparues en tentant de rejoindre à la nage l’enclave de Ceuta, après que les forces de l’ordre espagnoles aient d’utilisé du matériel antiémeute pour les empêcher de rejoindre le sol de l’Union européenne (UE).
En 2025 une nouvelle fois, des milliers de personnes, proches, associations et solidaires se sont rassemblées dans une cinquantaine de localités en Europe, en Afrique et au Proche-Orient, dans le double objectif de rendre hommage aux personnes disparues et de dénoncer les politiques migratoires à l’origine de ces drames.
Depuis 30 ans, les gouvernements des États de l’UE n’ont cessé de renforcer leur politique de non-accueil aux frontières extérieures et intérieures. Ce choix a un coût : les morts et mises en danger de personnes exilées, en mer, en montagne, dans le désert et partout le long des routes migratoires.
Dans nos montagnes et partout ailleurs, l’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente.
Depuis 2015, au moins 145 personnes exilées sont décédées à des frontières alpines (Cristina Del Biaggio et Sarah Bachellerie, projet de recherche DisFrontAlp), dont au moins 11 à la frontière franco-italienne proche de Briançon (sans compter les 5 autres personnes disparues). A la frontière franco-britannique, au moins 486 personnes ont perdu la vie depuis 1999. Entre 2014 et 2022, l’OIM estimait à plus de 50 000 le nombre de victimes le long d'itinéraires à destination et au sein de l'Europe, dont 25 104 victimes rien qu’en Méditerranée.
Cette année, la mobilisation à Briançon s’est étalée sur 3 jours :
- un rassemblement d’hommage le 6 février à Briançon
- un ciné débat le 7 février à Briançon
- une manifestation d’interpellation des forces de l’ordre le 8 février devant la PAF à Montgenèvre
- un rassemblement d’hommage le 6 février à Briançon
- un ciné débat le 7 février à Briançon
- une manifestation d’interpellation des forces de l’ordre le 8 février devant la PAF à Montgenèvre
Rendre hommage
Nous avons rendu hommage aux victimes des frontières le 6 février, en nous rassemblant sur le pont de la rue centrale à Briançon. Le lieu est symbolique : c’est dans la Durance que le corps de Blessing Matthew, première personne décédée avait été retrouvé en 2018 et c’est dans cette même rivière qu’est décédé Mahadi Yusef, une des dernières victimes, en chutant depuis une falaise près du pont d’Asleld en 2023. Lors de ce moment solennel, nous avons tenu à énoncer les noms des 16 victimes. Une manière de rappeler leur individualité et leur humanité. Les victimes des politiques migratoires sont trop souvent anonymisées et invisibilisées, elles laissent pourtant derrière elles des destins brisés et des familles meurtries.
Le cortège s’est ensuite rendu en fanfare à l’emplacement du mémorial aux mort·es des frontières qui avait été érigé l’année dernière, dans le cadre de la même mobilisation, voir plus d’infos en cliquant ici. Grâce à la contribution de la centaine de personnes présentes et à la magnifique chaîne humaine spontanément créée, nous avons pu relever le cairn, qui, rappelons le, avait été retiré par la mairie de Briançon en mars. Le monument est toujours en place. Il est situé dans la vieille ville de Briançon, porte de Durance, aux abord des remparts sur le chemin qui mène au pont d’Asfeld. Nous vous invitons à aller le fleurir et y poser une pierre. Se rendre au cairn et honorer la mémoire de personnes décédées et disparues, c’est lutter contre l’invisibilisation des victimes des politiques migratoires. |
Dénoncer
Le Cairn remplit exactement le double objectif de la commémor’action, rendre hommage et dénoncer, sa simple pré-sence permet de rendre visibles les conséquences de la politique menée à la frontière. Pour témoigner de son importance (et de toutes les autres initiatives mémorielles aux frontières), nous avons réalisé cette exposition que nous avons exposée à Montgenèvre le 8 février.
En plus d’ériger le cairn, nous tenions à nous adresser directement aux forces de l’ordre devant les locaux de la Police aux Frontières de Montgenèvre pour les mettre devant leurs responsabilités : les refoulements systématiques et les traques en montagne obligent les personnes exilées à emprunter des chemins périlleux et tutoyer la mort. Nous avons tendu devant leurs yeux les prénoms, noms, âge et lieu de mort des 145 victimes mort·es à des frontières alpines depuis 2015. Le texte lu leur a rappelé quels sont leurs devoirs et les a exhortés à faire appel à leur humanité. |
Dénoncer les entraves, au-delà des victimes
La vendredi soir, nous avons eu le plaisir d’accueillir Shu Aiello, co-réalisatrice du film documentaire "Un paese di resistenza" qui raconte les graves épisodes de répression subis par Mimmo Lucano, maire du village de Riace en Calabre. Riace s’était distingué pendant des années comme un modèle alternatif d’accueil et d’intégration pour les personnes exilées. Le village est devenu un symbole de l’entrave à la solidarité quand, en 2018 Mimmo Lucano a été poursuivi en justice par le gouvernement de Mateo Salvini, premier ministre d’extrême droite.
|
Un témoignage précieux sur la résistance d’habitant·es de ce village et sur les stratégies politiques de destruction des initiatives de solidarité avec les personnes exilées. L’occasion pour nous, associations et collectifs du Briançonnais de faire un parallèle avec les situations dont nous sommes les cibles depuis plusieurs années. Notre territoire n’est en effet pas exempt de ces stratégies politiques d'entraves : criminalisation, attaques discursives et atteintes à la légitimité des acteurs solidaires, harcèlement policier et intimidation insidieuse, atteintes matérielles et financières, ostracisation et entraves à la capacité d’action collective des solidaires. Toutes ces typologies sont expliqués dans le rapport de l’observatoire des libertés associatives sur la répression de la solidarité avec les personnes exilées aux frontières.
Changement des pratiques à la frontière
Les craintes formulées dans notre dernier communiqué de presse de décembre 2024 (disponible ici) se sont confirmées, avec le retour à des pratiques de refoulements par les forces de l’ordre françaises et une aggravation de la mise en danger des personnes exilées à la frontière franco-italienne haute.
Alors que nous ne pouvions prédire dès le début de l’hiver si la reprise des refoulements allait ou non s’inscrire dans la durée, nous constatons trois mois plus tard que le recours aux refoulements est bel et bien redevenu la pratique courante et l’admission sur le territoire l’exception. Plus grave encore, l’exception réside aujourd’hui dans le respect des droits fondamentaux par la police aux frontières.
Depuis mi-novembre 2024, la majorité des personnes exilées qui se présentent à la police aux frontières de Montgenèvre ou qui se font interpeler en montagne sont refoulées en Italie, y compris les personnes désirant demander l’asile en France. Pourtant, qu’elles soient demandeuses d’asile ou non, c’est le droit de toute personne de soumettre une demande d’admission sur le territoire au titre de l’asile ou d’accéder de façon effective aux voies de régularisation pour émettre des demandes aux autorités compétentes. Refouler en Italie des personnes qui souhaitent demander protection sur le territoire français est contraire au droit national et international.
Malgré nos alertes répétées, il est arrivé à plusieurs reprises ces dernières semaines que les forces de l’ordre recourent à des méthodes extrêmement dangereuses pour intercepter les personnes exilées en montagnes, telles que des prises en tenailles, guet-apens, courses-poursuites, parfois à proximité de falaises, de pentes raides, sur des terrains enneigés propices aux chutes, et même de nuit.
Au-delà des contrôles ciblés et discriminatoires en montagne, nous continuons de documenter de nombreuses violations de droits : déni du droit d’asile face à des demandes explicites (parfois même formulées en français), absence d’interprète malgré le droit à l’interprétariat de tous.tes, absence de documents de réadmission, remise aléatoire de procès-verbaux (la majorité des personnes refoulées repartent sans la moindre information), entretiens expéditifs, manque d’information sur leurs droits, absence d’avocat.e, voix de recours ineffectives…
Alors que nous ne pouvions prédire dès le début de l’hiver si la reprise des refoulements allait ou non s’inscrire dans la durée, nous constatons trois mois plus tard que le recours aux refoulements est bel et bien redevenu la pratique courante et l’admission sur le territoire l’exception. Plus grave encore, l’exception réside aujourd’hui dans le respect des droits fondamentaux par la police aux frontières.
Depuis mi-novembre 2024, la majorité des personnes exilées qui se présentent à la police aux frontières de Montgenèvre ou qui se font interpeler en montagne sont refoulées en Italie, y compris les personnes désirant demander l’asile en France. Pourtant, qu’elles soient demandeuses d’asile ou non, c’est le droit de toute personne de soumettre une demande d’admission sur le territoire au titre de l’asile ou d’accéder de façon effective aux voies de régularisation pour émettre des demandes aux autorités compétentes. Refouler en Italie des personnes qui souhaitent demander protection sur le territoire français est contraire au droit national et international.
Malgré nos alertes répétées, il est arrivé à plusieurs reprises ces dernières semaines que les forces de l’ordre recourent à des méthodes extrêmement dangereuses pour intercepter les personnes exilées en montagnes, telles que des prises en tenailles, guet-apens, courses-poursuites, parfois à proximité de falaises, de pentes raides, sur des terrains enneigés propices aux chutes, et même de nuit.
Au-delà des contrôles ciblés et discriminatoires en montagne, nous continuons de documenter de nombreuses violations de droits : déni du droit d’asile face à des demandes explicites (parfois même formulées en français), absence d’interprète malgré le droit à l’interprétariat de tous.tes, absence de documents de réadmission, remise aléatoire de procès-verbaux (la majorité des personnes refoulées repartent sans la moindre information), entretiens expéditifs, manque d’information sur leurs droits, absence d’avocat.e, voix de recours ineffectives…
Entrave à la solidarité : les rencontres effectuées depuis la sortie du rapport
Le 18 novembre 2024 sortait le nouveau rapport de l'Observatoire des libertés associatives (à consulter ici).
Écrit avec L.A. Coalition des libertés associatives, dont Tous Migrants est membre, ce rapport entend mettre l’accent sur les répressions subies par les associations de soutien aux personnes exilées aux trois frontières franco-britannique, franco-italienne et franco-espagnole.
L'occasion pour les associations présentes aux frontières de sensibiliser sur les diverses formes d'entraves et de répressions subies, notamment à l'attention des institutions et des parlementaires. C'est dans ce contexte que Tous Migrants a participé, aux côtés d'autres partenaires des frontières intérieures et des organisations de la CAFI, à une rencontre avec madame la Défenseure des Droits, Claire Hédon, le 25 novembre à Paris ; puis à une réunion avec plusieurs parlementaires à l'Assemblée Nationale le 23 janvier 2025. Plus de 10 député.es et sénateur·rices étaient présent.es (tous les partis sauf RN et Les Républicains).
Outre un besoin de s'informer sur, ou de répéter, la gravité des atteintes portées aux actions des solidaires aux frontières et de la criminalisation de nos activités, l'objectif était d'échanger ensemble sur les perspectives d'action et d'attirer l'attention sur la réalité du terrain, pour ensuite inviter les parlementaires à venir à Briançon, comme de nombreux·euses autres l'ont déjà fait par le passé.
Écrit avec L.A. Coalition des libertés associatives, dont Tous Migrants est membre, ce rapport entend mettre l’accent sur les répressions subies par les associations de soutien aux personnes exilées aux trois frontières franco-britannique, franco-italienne et franco-espagnole.
L'occasion pour les associations présentes aux frontières de sensibiliser sur les diverses formes d'entraves et de répressions subies, notamment à l'attention des institutions et des parlementaires. C'est dans ce contexte que Tous Migrants a participé, aux côtés d'autres partenaires des frontières intérieures et des organisations de la CAFI, à une rencontre avec madame la Défenseure des Droits, Claire Hédon, le 25 novembre à Paris ; puis à une réunion avec plusieurs parlementaires à l'Assemblée Nationale le 23 janvier 2025. Plus de 10 député.es et sénateur·rices étaient présent.es (tous les partis sauf RN et Les Républicains).
Outre un besoin de s'informer sur, ou de répéter, la gravité des atteintes portées aux actions des solidaires aux frontières et de la criminalisation de nos activités, l'objectif était d'échanger ensemble sur les perspectives d'action et d'attirer l'attention sur la réalité du terrain, pour ensuite inviter les parlementaires à venir à Briançon, comme de nombreux·euses autres l'ont déjà fait par le passé.